Marquillies, le 5 décembre 2006
SUR LA QUESTION DU 13 DECEMBRE 2006
CONCERNANT
L’APPLICATION DE LA LOI DE FEVRIER 2005
Madame, Monsieur,
Présidente de l’association « c’est mon école, à moi aussi ! » créée en juin 2006, nous avons décidé de combattre les discriminations au sein de l’école de la République envers les enfants en situation de handicap. S’appuyant sur la loi du 11 février 2005 mais aussi sur la loi de lutte contre l’exclusion, nous dénonçons l’absence de moyens pour rendre efficient le cadre légal et permettre l’égalité de nos enfants dans la scolarité. Si le handicap ne permet pas l’égalité de fait, nous revendiquons au moins l’égalité de droit qui à ce jour n’est même pas acquise.
Les gouvernements n’ont de cesse de promulguer la Loi sans offrir les moyens de la rendre réaliste et réalisable. Le cadre est posé, certes, et permet aujourd’hui aux familles de se retrouver face aux tribunaux administratifs pour son application. Allant jusqu’à saisir la Halde pour dénoncer des pétitions qui circulent pour exclure des enfants de 5 ans. Cependant, la solution n’est pas là. Elle réside en la mutualisation des compétences Etat et Territoire (local également), Familles et Institutions, Ministère de la Santé, Ministère de la Cohésion Sociale et Ministère de l’Education Nationale.
Tous, sommes concernés par la différence, la norme n’est plus une vérité. Nous parlons d’ailleurs aujourd’hui d’exclusions , d’insertions…
La volonté ne suffit pas, il faut, je le répète, des moyens, financiers, humains mais aussi de la créativité, de l’imagination, des décloisonnements pour accompagner nos enfants vers la citoyenneté éclairée.
Aujourd’hui, certaines personnes mettent en avant l’augmentation croissante du nombre d’enfants handicapés au sein de l’école, se félicitent de cette « victoire » ?.
Mais se pose-t-on la question de savoir combien sont-ils réellement, combien étaient-ils, où en sont-ils dans leur parcours scolaire, de quelle manière s’effectue cette scolarité ? Des chiffres à la louche, des accompagnements morcelés, parcellaires. Des scolarisations alibi avec des temps en moyenne de deux demi-journées semaine alors que nos enfants auraient besoin, outre la scolarité « classique », d’ heures supplémentaires « en compensation du handicap » !. Du handicap de la maladie ou de l’accident initial, nous passons au handicap social, à l’exclusion.
Car il s’agit bien de projet d’exclusion et non d’intégration qui offrait généreusement à cette famille la possibilité pour leur petit garçon un temps de présence de 8h30 à 10h le matin ou encore mon expérience de maman à devoir se battre pendant 1 an pour obtenir une deuxième matinée. Pardon, aujourd’hui nous ne parlons plus de projet d’intégration mais de projet personnalisé scolaire. Le champ sémantique évolue, les représentations sociales, non.
Les familles ne sont pas dans l’illusion d’une scolarité adaptée à tout prix et surtout contre le bien être de l’enfant mais l’égalité des chances réside en l’expérience de la différence, aussi riche pour l’enfant « normal » et son entourage et pour les enfants dits « différents ».
Ce qui est « anormal » est d’entendre un père de famille avouer que le handicap de son fils ne l’avait jamais fait pleurer, l’école, si !
Des auxiliaires de vie non formés, emplois précaires tout comme les contrats d’avenirs …sans avenir accompagnent nos enfants.
Nous demandons aujourd’hui à ce que soit pris en compte de manière sérieuse et coordonné ce problème de scolarisation des enfants handicapés à l’école qui sont autant de citoyens de la Nation (grande communauté humaine).
Nous revendiquons une professionnalisation du personnel accompagnant et des mesures adéquates de formation du personnel enseignant qui continue à faire « ce qu’il peut ». Des professionnels qui seraient accompagnants d’un enfant dans sa globalité et non pas quelques heures pour plusieurs enfants.
Partir des besoins et non plus des moyens suppose une cellule de veille et d’étude par département avec un recensement auprès des familles, des institutions (car même aujourd’hui des enfants orientés en établissement se révèle être à même de suivre une scolarité) en partenariat avec les Maisons départementales des personnes handicapées.
A quand le ratio obligatoire comme celui imposé aux entreprises d’accepter les enfants en situation de handicap au prorata des moyens dont dispose l’école ?
Nous réclamons le respect de l’esprit de la loi du 11 février 2005 avec une application réelle, uniforme et égalitaire, afin de mettre fin aux décisions arbitraires prises localement.
Faire accepter la différence et le handicap au sein de l’école et de la société et ce, dès la maternelle, c’est en cela que réside notre combat et c’est ce combat qui doit devenir le vôtre.
Helen Silvère
Présidente de l’association
« C’est mon école, à moi aussi !»